Les spontanés de George (disponible en 2024)


1ère sortie…

George ne tient plus dans l’atelier de marionnettes, c’est décidé, il va mettre le nez dehors, et pourquoi pas la tête entière ! Il ne croit pas tout ce que je lui dis du confinement, du nouvel aspect de la ville vide, il veut voir et sentir par lui-même me dit-il. Ok mais sort masqué et ganté ! Je le comprends, le spectacle vivant est arrêté et alors que fait-on ? Les magasins alimentaires restent ouverts et les magasins poétiques sont interdits, fermés. George part donc à la recherche d’autres comme lui en manque de rencontres et de poésie. Il en trouve qui lui font des grands signes enthousiastes, de grands sourires, des enfants lui font une démonstration de diabolos, on applaudit, comme un air de spectacle ! Il ne me parle pas des autres, ceux qui n’affichent rien sur leur visage en le voyant, non il ne m’en parle pas. Et puis les solitudes se croisent, George les voit. Il se sent dans le vide, la rue, le carrefour, l’arrêt de bus, macadam, grisaille. Les voitures abandonnées sur les parkings, on ne fait plus vroumvroumvroum. Mais l’air qu’il respire, qu’il est bon, qu’il est léger, le parfum des fleurs est véritable, les odeurs de bons petits plats s’échappent par les fenêtres ouvertes. C’est bon aussi de ne voir personne mais de sentir mille présences bien vivantes. Quel bon bol d’air, George recommencera, il a plein d’idées dans la tête pour retrouver les humains !

 

2ème sortie…

Les voix de George

Avant de remettre le nez dehors, George a récolté textes et poèmes. Il-elle intitule cette sortie « les voix de George : s’il te plait, lis moi un poème ». Elle-Lui, ne parle pas, il-elle sait que nous avons une bouche et deux oreilles pour écouter deux fois plus qu’on ne parle (Lao Tseu). Ce lundi 13 avril 2020, ses voix multiples ont vibré ici et là dans la ville . Entre mots soufflés, envolés et arrêts sur images, faites donc le voyage avec nous….et si le cœur vous en dit, partagez …..

Mais je m’interroge… l’ami(e) George, qu’as-tu indiqué comme motif dérogatoire de ta déambulation billomoise?  Quelque chose comme: Consultations, soins et interventions (poétiques) ne pouvant être assurées à distance et ne pouvant être différées…ou alors

Participation à une mission d’intérêt général sur la seule initiative d’une intuition humaine…

A vous de voir ou d’entendre ! 

…« Il suffit d’un sourire

Pour endormir la nuit

Délivrer nos visages

De leur masque d’ombre »… J.P. Siméon

« Le monde est le lieu d’élection du poème.

Quand le soleil se lève, il se lève dans le poème…. »

« Ce que je fais ? J’écoute l’eau tomber. (On ne l’entend d’ici que si le vent souffle dans cette direction!) C’est ma seule occupation. » W. C. Williams

…« Et en soi une force
Plus forte que le vent,
Pour plus tard et pour maintenant,

Contre tout ce qu’il faudrait,

Certainement. »

Guillevic

« Y’a un trou dans mon histoire

un trou noir de ma mémoire

j’aime pas les trous
Ça creuse des fossés

entre les gens «  Tristan Joy

« A tous les repas pris en commun, nous invitons la liberté à s’asseoir.

La place demeure vide mais le couvert reste mis. »

René Char, Feuillets d’Hypnos-131

« Le monde s’étend pour moi comme une fleur qui s’ouvre — et… » W.C. Williams

« Je n’ai envie ni d’être tué par un virus… ni par une puce (« numérique »… ) ». Sylvain Tesson

« ….Le drame c’est pour mon gant

Qui voudrait une paire de gants

D’une certaine couleur

Des gants en peau de main »

P. Vincensini

«  Par les soirs bleus d’été, j’irai……… » A.Rimbaud

« …Mais peut-être ces heures sont-elles précisément celles où la solitude grandit et sa croissance est douloureuse comme la croissance des enfants, et triste comme l’avant-printemps. … » R.M. Rilke

« Dans le miroir

tu es deux… » Y. Ritsos

« ….En ces temps j’apprends à nous vivre autrement…. » Amande D.

« …des mots dans le lointain, des mots qui ne voulaient pas se perdre, tentèrent de résister à l’exorbitante poussée…. » R. Char

« …Vous savez, je ne comprends pas comment on peut passer à côté d’un arbre sans être heureux de le voir… »

F. Dostoevsky

« …Pour moi accro à la tendresse,

J’veux des câlins déconfinés,… » Art Kustal

« J’ inspire l’envie d’aimer

J’expire l’envie d’alarmer… » Agnès G.

« …Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi ! … » M. Desbordes- Valmore

« Rien qu’un petit bonheur, Suzette,

Un petit bonheur qui se tait.

Le bleu du ciel est de la fête;

Rien qu’un petit bonheur secret. .. » Géo Norge

 

3ème sortie…

Mardi 21 Avril 2020, George sort de nouveau du Co—Con——– et s’allège de son IL pour s’envoler avec ses ELLES…

Elle « s’il te plait, anime-moi-toi»

Elle « sonne les trois coups »

Elle «  entre dans la danse »

Elle George, démas-coeur.

Elles s’envisagent, se dévisagent, se paysagent en coeur.

Entre les gouttes, de l’eau, du ruisseau, de là-haut, dansons sous la pluie !

George rêve de jouer dans une comédie musicale……après le confinement, les affaires vont reprendre !!! avec pour thèmes : résistance, persévérance, joie, nature.

On dit que dans l’ennui, on fabrique sa résistance au monde, alors dépêchons nous de ralentir.

Ailleurs on dit KEFAYA « çà suffit » !

Le gong résonne. George et ses doubles s’animent. Elles dansent sur leur musique silencieuse, sur les pas des mots entendus, une onde, un murmure, une immobilité, elles attendent. Le gong résonne.

« Merci pour ce beau moment de partage dans des rues sans nuage où même les gens s’évaporent peu à peu laissant leurs places au vide, au plein, au moment présent.

La danse cité n’est plus la même et j’ose toucher ces murs, ces trottoirs, ces arbres qui sont là depuis tout ce temps. Je prends un temps. Je visite et revisite à l’intérieur et à l’extérieur de moi, telle une danseuse je m’anime. Seule ma respiration et le doux regard de mes complices m’enveloppe, je m’exprime. »

« …c’était un moment bien agréable et étonnamment épuisant sur le coup. L’énergie est revenue depuis…. »

« Ainsi elles furent quatre à danser sur les places de la ville

invitant les passants à les rejoindre dans leur désir de liberté.

Peu répondirent à leur appel mais dans leurs yeux elles virent -chez certains et certaines- un sourire qui les encourageaient à poursuivre leur folle échappée.

Les murs, les fontaines, les arbres, les cailloux accueillaient leurs pas, leurs sauts, leurs mouvements avec une bienveillance qui les émues.

Elles repartirent, joyeuses, leur vague à l’âme envolé dans les nuages, dans les gouttes,dans les regards soutirés des files d’attente.

Files d’attente aux yeux baissés qui parfois se relevaient sur un horizon incertain.

De ce temps, elles mirent du temps à se remettre dans le cours de cette vie. Confinée. »

Véronique- Rita- Pauline.Paola- Claude

George 1,2,3… Sa non-sortie du 8 mai :

Alors y paraît que c’est la FIN du CON – – – EMENT ?

On va pouvoir aller batifoler avec les oiseaux et les papillons qui nous font de l’oeil depuis, depuis des lustres, ici on a perdu la notion du temps…

Il ne faut pas lui en vouloir, George vit sur sa planète, il est fan de la phrase de Gandhi

« Sois le changement que tu veux voir dans le monde ».

George est pacifiste, il-elle est LÀ tout simplement, belle leçon de vie. Une tête en mousse peut nous apprendre beaucoup !

George s’en sort bien, sain(e) et sauf(ve). Seulement atteinte, et gravement, du virus de l’espoir, tellement bien écrit par la poétesse : Emily Dickinson

LEspoir est la chose emplumée-
Qui perche dans l’âme-
Et chante la mélodie sans les paroles-
Et ne s’arrête-jamais-
C’est dans la tempête- que son chant est- le plus suave-
Et bien mauvais serait l’orage-
Qui pourrait intimider le petit oiseau
Qui a réchauffé tant de gens-
Je l’ai entendu dans les contrées les plus glaciales-
Et sur les mers les plus insolites-
Pourtant- jamais- même dans la pire extrémité,
Il ne m’a demandé- une miette.

Ce confinement donne une valeur inestimable à des petits riens qui se sont transformés en grands touts, oui rien que çà ! La grande Vie, quoi !

Tous ensemble, avec les graines nourrissantes arrosées par les unes et les autres, nous avons fait germer cette aventure singulière.

La trilogie de George se referme sur cette inspiration printanière de Jacques Prévert :

«  La vie est une cerise, la mort est un noyau, l’amour un cerisier »

La marionnette est là, à la frontière, elle est l’amour et le cerisier.

Voilà George est un cerisier, Elle-Il est ravie.

Rebondissement, le 28 avril de nouveaux dessins-montages arrivent, Jean-Denys me répond avec son crayon rouge, c’est l’apothéose, Joy !

Bye Bye

Crédits photos : Didier Ronchaud- Billom Vidéo
Les dessins sont signés Jean-Denys Phillipe